Nellie Bly a réellement existé et vécu cette expérience que nous partagent Virginie Ollagnier et Carole Maurel. Plongez avec Nellie dans un asile psychiatrique réservé aux femmes et découvrez leurs conditions de vie et leur place dans cette société.
J’ai lu ce titre dans le cadre d’un prix BD organisé par notre futur réseau de bibliothèques.
L’histoire
Nellie Bly peine à se faire engager par les journaux parce qu’elle est une femme. Elle se remarque par son ton et son implication dans ses enquêtes. C’est ainsi qu’elle se retrouve internée. Elle souhaite enquêter sur les conditions de vie de ces femmes internées et oubliées de tous. Il ne lui faudra pas beaucoup d’effort pour se retrouver à l’asile.
Là-bas, elle rencontre des profils de femmes très différents. Toutes ne sont pas folles. L’internement est peut-être devenue une solution pour la société de se débarrasser de celles qui dérangent. Voici son enquête.
Retour de lecture
La collaboration entre Virginie Ollagnier au scénario et Carole Maurel (Collaboration horizontale) au dessin est une très belle réussite. A la fin de l’ouvrage vous retrouverez une interview de Virginie Ollagnier dans laquelle elle explique pourquoi elle a choisi ce sujet, et une interview de Carole Maurel qui explique son travail et le choix esthétique de ses dessins. Des interviews très enrichissantes qui mettent en perspective la BD. Une BD touchante qui parle de la place des femmes, de l’horreur des asiles et de la violence qu’elles subissent au quotidien.
L’histoire de Nellie Bly
Vous avez peut-être déjà découvert cette journaliste dans la BD “les culottées” de Pénélope Bagieu. Une BD en deux tomes dans lesquelles l’autrice-illustratrice présente des portraits de femmes étonnantes. Nellie Bly y avait entièrement sa place.
Cette histoire ne raconte pas toutes les aventures de la grande reporter mais uniquement l’une de ses enquêtes. C’est un choix de l’autrice qu’elle explique très bien en fin d’ouvrage (je vous laisserai découvrir.) Cependant certains flashbacks permettent de suivre son enfance en parallèle (la mort de son père, ses difficultés en tant que femme à devenir journaliste etc.) Ces passages sont mis en évidence par Carole Maurel qui leur donne une autre nuance de couleurs.
La violence de l’internement et du système
Nellie Bly a fait le choix de l’internement pour enquêter en sachant qu’elle pourrait sortir de là au bout de 10 jours. Mais ce n’est absolument pas le cas des autres femmes, comme vous pouvez vous en douter. Leur détresse est palpable. D’ailleurs, Carole Maurel s’est inspirée de l’esthétisme d’un H.P. Lovecraft pour représenter la folie et la noirceur.
Tout est une sorte de violence plus ou moins contenue dans cette BD. Il y a la violence de l’internement avec ces femmes jugées très (trop) vite folles. Tout ça pour quoi ? Parce qu’elles sont un poids pour leur famille ? Parce que leurs mœurs sont jugées dissolues ? Ce qui justifie les pires pratiques. Elles savent qu’elles entrent à l’asile pour ne plus jamais en sortir.
Il y a aussi la violence du corps médical avec des gifles, des tortures, un rapport de force malsain etc.
Tout est fait pour que vous deveniez folle si vous ne l’étiez pas. Mais comment osez-vous vous en plaindre alors que vous êtes hébergées et nourries grâce à la générosité des autres. Une BD poignante.
Le conseil de la bibliothécaire
Certes le sujet est difficile mais Virginie Ollagnier a trouvé le bon ton pour raconter cette histoire. “Nellie Bly” parle de la condition des femmes et de leur place dans la société à la fin du XIXème siècle, notamment les femmes de la classe populaire/ouvrière. Si le sujet vous intéresse et que vous préférez les romans je pourrai vous conseiller “le bal des folles” de Victoria Mas dont je vous parlerai bientôt.
J’allais te dire justement que sur ce sujet j’avais beaucoup aimé lire “le bal des folles” mais en BD pourquoi pas, Virginie Ollagnier écrit super bien et si elle a fait le scénario ça doit être vraiment une bonne BD. Je ne crois pas avoir vu une BD illustré par Carole Maurel…du coup ça m’intéresse beaucoup…Merci pour tes superbes chroniques
Je connaissais le travail de Carole Maurel (toujours de sublimes BD au message fort et prenant) mais pas celui de Virginie Ollagnier. C’était un plaisir de la découvrir.
Je crois que j’avais eu envie de lire “le bal des folles” suite à la chronique (et j’ai beaucoup aimé aussi.)