“Ne te rendors pas” parce que le personnage principal fait toujours le même cauchemar qui la hante toutes les nuits ? Non, parce qu’un message lui est adressé. Un roman qui aborde à la fois la mémoire cellulaire (celle de nos ancêtres) et le devoir de mémoire. Plongez dans la Résistance et la lutte contre l’innommable.
J’ai reçu ce roman dans le cadre d’une masse critique de Babelio. Un grand merci à Babelio et aux éditions Thot. Une très belle découverte que vous pouvez retrouver en librairie depuis février 2022.
L’histoire
L’héroïne de “ne te rendors pas” se noie la nuit dans son cauchemar récurrent. Dormir devient compliqué. Afin de régler ce problème, elle décide d’être suivie par un psychologue. Mais pas n’importe lequel, un psychologue spécialisé dans la famille. Car d’où peut lui venir ce cauchemar si ce n’est d’un héritage familial quelconque ? Lors d’une séance d’hypnose, elle va rencontrer l’une de ses ancêtres et découvrir son histoire de Résistante pendant la seconde guerre mondiale dans les maquis (en Isère.)
Retour de lecture
J’ai eu un peu peur au tout début de la lecture de “ne te rendors pas” de ne pas entrer dedans. Et puis elle va chez le spécialiste et fait la rencontre de Marguerite lors d’une séance d’hypnose. A partir de ce moment nous découvrons sa vie : son mariage, son attachement à son père, sa fuite, ses années de résistante et les dangers qu’une telle vie entraîne, la violence des déportations etc. J’ai trouvé que c’était une manière intéressante de nous raconter cette histoire : un récit dans un récit. Le roman est court (133 pages) et se lit d’une traite. Très belle découverte.
La mémoire cellulaire
J’y tiens à ma mémoire cellulaire. C’est quoi ? Pour moi ce sont des événements qui sont arrivés à nos ancêtres mais qui ont un impact sur nous. Comme si notre corps avait intégré les souvenirs de nos aïeuls. J’avais lu un documentaire d’une spécialiste de la femme qui expliquait ce phénomène. Il expliquait certains phénomènes étranges comme cette femme qui, sans raison, commence à avoir des problèmes avec son utérus. La médecine n’en trouvait pas la cause jusqu’à ce qu’elles creusent ensemble (la patiente et l’autrice.) Il s’avérait qu’une de ses arrière-grands-mères avait connu un évènement traumatique à cet âge. Pour elles c’était lié.
Je vous laisserai creuser ce phénomène. J’en parle – absolument pas parce que j’adhère à cette théorie, ce n’est pas de mon ressors – mais parce que c’est ce que vit notre héroïne de “ne te rendors pas”. Elle cherche la cause de son cauchemar et il s’avère que cela a un lien avec une ancêtre qu’elle n’a jamais rencontré. Je vous laisse découvrir.
Le devoir de mémoire
C’est un élément très important dans “Ne te rendors pas”. C’est d’ailleurs ce qui est demandé à l’héroïne avec “ne te rendors pas” maintenant que tu sais ce dont l’homme est capable. Il n’y a pas pire et dangereux que l’oubli. Je vous partage une citation qui l’explique mieux que moi : un message adressé à l’héroïne :
“Le doute est salvateur ! Il t’amènera toujours vers une meilleure compréhension des choses. Sois éveillée, reste en alerte. Ne te rendors pas. D’autres combats sont à venir qui engageront l’humanité. Ne baisse pas la garde. Indigne-toi quand cela est nécessaire, refuse l’injustice et le mépris quand ils frappent ceux sans défense. Pour cela, sois mon porte-voix. Sois le témoin d’un passé douloureux pour dénoncer l’innommable de demain. Il a fallu attendre de nombreuses années avant de pouvoir écouter ces hommes et ces femmes de l’ombre. Or nous avons tous besoin de leurs témoignages pour que vos lendemains ne connaissent pareille horreur. La rancune est féroce, mais pire encore est l’oubli. Seuls les poètes ont su entretenir le souvenir. Invoquons le pardon car sans lui point de salut.”
Pages 124-125
Découvrez le courage de cette jeune femme engagée dans la Résistance qui essaiera d’aider les enfants. Le récit est court, elle ne rentre donc pas dans les détails, mais elle retrace son parcours. A l’héroïne de continuer l’histoire.
Le conseil de la bibliothécaire
“Ne te rendors pas” pourrait s’adresser à ceux qui aiment lire des romans de cette période de l’histoire. Il ne plaira pas aux lecteurs qui aiment lire du terroir (même s’il se déroule dans le passé et dans nos campagnes française.) Il pourra aussi convenir à ceux qui ont envie d’écouter une jeune femme que l’histoire n’a pas retenue mais qui a vécu. Comme si une grand-mère nous racontait sa jeunesse. Si tous ces faits vous intéressent, n’hésitez pas à découvrir : Ombres portées.
Retrouvez le roman sur le site des éditions Thot : Ne te rendors pas
Un titre intéressant ! Je ne connais pas trop la mémoire cellulaire, mais la science fera peut-être un jour des avancées dans ce domaine. Ou peut-être est-ce une mémoire familiale transmise inconsciemment de génération en génération.
Je parle de mémoire cellulaire mais je ne suis pas complètement sûre que ce terme désigne bien ce que je veux lui faire dire 😀 ; Une sorte de transmission par les cellules d’une mémoire des ancêtres.
Ce n’est pas le sujet principal mais l’élément déclencheur. C’est avant tout l’histoire de cette jeune femme pendant la Résistance qui nous est racontée.