Un bon indien est un indien mort

Un bon indien est un indien mort

Un bon indien est un indien mort, surtout quand il a massacré un troupeau entier de Caribou sur des terres interdites. Récompensé par de nombreux prix, ce roman nous entraine aux côtés de quatre amis amérindiens coupables de chasse interdite… et de la vengeance d’une mère caribou. Un roman d’horreur psychologique entre hallucinations, pulsions meurtrières, vengeance, culpabilité, amitiés, condition de vie des amérindiens etc.

Vous pouvez retrouver ce roman en librairie depuis le 21 septembre 2022.

L’histoire

Quatre amis amérindiens d’enfance partagent la même histoire : il y a 10 ans ils ont rejoint les terres des anciens de la réserve interdites pour eux et ont massacré un troupeau de caribou installé là. Dans ce groupe se trouvait une jeune femelle gestante. Depuis, l’un d’entre eux culpabilise et a l’impression de la voir, persuadé qu’elle vient se venger. Quand le premier d’entre eux meurt ils pensent tous qu’il a été tabassé près d’un bar par des blancs, rien d’autre. Personne ne se méfie vraiment… mais ont-ils une réelle raison de se méfier ? La femelle caribou est-elle vraiment venue se venger 10 ans après ?


Retour de lecture

Qu’il soit annoncé comme un roman d’horreur psychologique et qu’il se déroule dans un groupe d’amérindiens (avec peut-être l’utilisation de leurs mythes) m’a séduite. J’ai trouvé très intéressant le fait de côtoyer ces personnages, les difficultés qu’ils rencontrent parce qu’ils sont amérindiens (méfiance de la police, peu d’espoir pour l’avenir, alcoolisme etc.) et leur culture dans ce monde moderne.

Un « roman noir »

Je trouve ça toujours difficile de qualifier l’horreur dans un roman. Parfois ça semble évident car ils génèrent spontanément un sentiment de peur, d’angoisse ou de répulsion (la définition de l’horreur.) Mais à d’autres moments, selon les sensibilités sans doute, ce n’est pas aussi évident car ça devient très subjectif. C’est le cas avec ce roman que l’éditeur décrit comme un roman d’horreur psychologique et le classe en roman noir. Car il est sans doute à la frontière entre les deux.

Le roman noir est un sous-genre du policier qui s’intéresse moins à l’enquêteur et aux crimes qu’à la généalogie du crime. Les personnages sont mis en avant et le crime (son origine) sert de prétexte à une critique sociale (pour faire un résumé de la définition.) C’est le cas ici car tout commence par le crime de la femelle caribou et de son faon. Ce qui va générer une succession de violence et de morts. Et à travers toute cette histoire, nous découvrons les difficultés sociales rencontrées par les personnages du fait de leur identité.

En même temps, il y a une présence sans doute surnaturelle de cette femelle caribou morte il y a 10 ans, le danger qu’elle représente pour les personnages dont certains semblent plonger doucement dans la folie, la traque et le suspens etc. Tout ceci amène une tension palpable tout au long de la lecture, une angoisse qui le définit comme un roman d’horreur psychologique.

Un bon indien est un indien mort

Stephen Graham Jones est originaire de la tribu des Pikunis. C’est un Blackfeet, comme nos personnages. Comme dit plus haut il ne nous parle pas uniquement de fantôme qui vient se venger de ses assassins, mais aussi de la réalité sociale des amérindiens. Nous la découvrons à travers les personnages :

Lewis est content d’être parti de la réserve et de ne connaître ni l’alcoolisme, ni le diabète. Il est marié avec une blanche, il a un emploi de fonctionnaire, il est installé. C’est amené comme une sorte de réussite sociale, du moins d’une chance de survivre dans de meilleures conditions. Même si ses collègues l’appellent « chef » à cause de ses origines et que lorsque la police passe le voir ils ont dégainé leurs armes très facilement.

Gabe (Gabriel) est le seul à être père. Les personnages disent que l’eau est tellement polluée que ce n’est pas aberrant que les autres n’aient pas d’enfants. Séparé de la mère, il semble être logé par son père. La prison est un endroit où il est facile pour eux d’aller. Gabe n’a semble-t-il pas échappé à l’alcoolisme.

Cass (Cassidy) s’en sort bien depuis qu’il est en couple. Il vit dans une caravane avec ses chiens et ses chevaux et redécouvre les rites ancestraux (comme le rituel de sudation qui aide à purifier le corps et l’esprit.) Le rapport au passé des amérindiens, à leur culture « d’origine », est encore vif et revient régulièrement en référence dans le livre.

Le conseil de la bibliothécaire

Je ne le conseillerai pas à des amateurs de romans d’horreur horrifique qui veulent avant tout frissonner et sursauter à chaque bruit. Mais ceux qui apprécient les romans noirs avec une dose de fantastique (comme le huis-clos “dix âmes, pas plus“), ceux qui abordent des thématiques sociales etc. essayez !

4 Réponses à “Un bon indien est un indien mort”

  1. Il est dans ma médiathèque, en ville et comme je l’ai noté depuis sa sortie car le sujet m’intéresse beaucoup, j’attends qu’il soit disponible. Merci de ta présentation je n’ai lu que des avis positifs sur ce roman

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