Sangliers

Sangliers

Une métaphore de l’émigration et de ses enjeux (causes du départ, fuite, accueil…), de la peur de l’étranger, de la montée de la haine… à travers les aventures de sangliers et autres animaux de la forêt.

Un grand merci aux éditions Didier jeunesse pour l’envoi de ce roman en avant-première. Il sort aujourd’hui en librairie.

L’histoire

Lilly est une poil brun (un sanglier). Elle vit avec son père Groin-Groin, sa mère Crin-Crin et ses sept frères. Elle voit en cachette Magique, un Sanglochon (un solitaire qu’il est interdit de côtoyer.)

Or, le territoire des Poils Bruns est dirigé par un vieux sanglier : La Gonfle. Il se sert de l’incapacité des sangliers à se souvenir pour affirmer son pouvoir. Un jour, il déclare les Sanglochons et autres dégénérés impurs. Ils doivent être exterminés. Le périple commence pour Lilly et les siens.


Retour de lecture

Pascal Ruter est l’un de mes auteurs jeunesse préférés et j’adore tout ce qu’il fait. Toutefois, j’ai moins accroché avec celui-ci. L’idée est intéressante. Il parle de sangliers, de cerfs, de chevreuils… et y transpose un sujet d’actualité. Une façon, sans doute, pour les enfants de découvrir les divers mécanismes de l’émigration et de la politique.

Fuir un régime autoritaire

La vie était belle pour Lilly et sa famille. Ils n’avaient aucune “tare”. Ils étaient un groupe lorsque les solitaires étaient exclus. Et Lilly avait même été choisie par La Gonfle pour recevoir son enseignement (un honneur.) Pourtant, elle ne respectait pas les règles à côtoyer un Sanglochon : ces êtres mal considérés car différents et solitaires.

La seule menace était la chasse des Deux-Pattes et de leurs chiens. Une chasse qui aura des répercutions à long terme sur la famille de Lilly ; au moment où le régime de La Gonfle devient autoritaire.

Commencent alors les discours de la haine, l’embrigadement de la population, l’augmentation de la force armée et des contrôles…

Accueillir des réfugiés

La fuite vers une République où il fait bon vivre est sans doute une solution. Mais encore faut-il traverser la frontière et être accepté de l’autre côté.

Et une fois l’accueil engagé, encore faut-il s’intégrer et trouver sa place… Car la haine et la peur de “l’étranger” ou de ce qui est différent n’est pas forcément l’apanage des régimes totalitaires.

Pascal Ruter profite de cette histoire pour dévoiler tous les mécanismes de ces engrenages parfois complexes à expliquer aux enfants. L’utilisation de sangliers et autres animaux atténue sans doute les horreurs subies par les personnages.

Un livre pas si “facile” à lire

Le style et l’écriture de l’auteur sont accessibles. Les thématiques et le développement le sont également. Il n’a pas décomplexifié les enjeux, il les a adaptés.

En mettre autant sur 190 pages environ (émigration, vie politique, racisme…) fait qu’il se passe toujours quelque chose. Et ce qui arrive aux personnages est à la fois horrible et injuste.

Les événements ne sont pas insupportables à lire – je rappelle que c’est adapté aux enfants – mais ils ne peuvent que vous toucher. J’avais la sensation que les personnages étaient pris dans un maëlstrom qui les aspirait toujours plus loin dans l’horreur et l’injustice sans qu’aucune solution à long terme ne les sorte de là. Heureusement, quelques éclaircies apparaissent ici ou là. Et un brin d’humour vient atténuer la noirceur des faits.

Je serai curieuse d’avoir le retour d’un enfant.

Le conseil de la bibliothécaire

Un roman à partir de 12 ans. Il peut très bien être lu sans que le parallèle avec la réalité ne soit fait par l’enfant qui peut le lire comme les aventures de Lilly, Crin-crin et Magique dans une forêt particulière. Mais il peut aussi servir de base pour aborder les thématiques présentes avec les enfants.

Retrouvez le livre sur le site des éditions Didier jeunesse : Sangliers

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