Retrouvez l’équipe des tout-cassés dans un centre de rééducation pour enfants pas comme les autres. Une duologie qui met en avant la différence et l’acceptation d’un handicap à travers une histoire fantastique (et des interactions humains / monstres).
Exceptionnellement je vous mets les deux tomes dans un seul et même article. Je vous en parle maintenant mais je les ai lus en 2020 (je fais avec mes souvenirs, d’où l’article moins étoffé.)
Tome 1 : le mystère de la jambe de bois (2019)
Lucinelle doit entrer à l’hôpital dans un centre de rééducation. C’est un cauchemar pour elle parce qu’elle ne voulait pas quitter ses parents. Depuis quelques temps, Lucinelle doit marcher avec des béquilles. Elle a eu un accident dans lequel elle s’est fracturée la jambe en plusieurs morceaux et la guérison est compliquée. Heureusement sa camarade de chambre, Algua, est super sympa. Et très vite, elle se fait des amis : ce sont les tout-cassés.
Pourquoi les tout-cassés ? Car, comme elle, les autres sont “tout-cassés” : Algua est née avec un bras en moins, Ourie doit vivre avec une minerve à cause de son dos, Edmundo a les poumons fragiles, Bastien doit faire attention à tout à cause de ses os de verre. Et il y a mademoiselle Sotiyante, l’infirmière qui s’occupe d’eux, avec son visage boursoufflé à cause de ses allergies. Comme eux elle est cassée avec le visage défiguré par ses allergies et sa jambe de bois… Une jambe de bois très spéciale… sans doute liée à la présence de monstres.
Retour de lecture
En retour de lecture je vais vous donner les trois bonnes raisons de lire ce roman : De un, c’est un livre de Rod Marty. De deux, c’est joliment illustré par Julie Olivi. De trois, l’histoire est géniale. Mais si ! Tout d’abord, il y a ces personnages tout-cassés, soit par un accident dans la vie (comme Lucinelle), soit par les aléas de la naissance (les autres). Ce qui en font des personnages originaux, touchants et réels. Ils ont un handicap, doivent suivre des cours de réanimation (avec un prof plein d’entrain) mais restent des enfants qui peuvent vivre des aventures.
A cela s’ajoute la partie avec les monstres. Je ne peux en dire plus car elle arrive vers la fin mais elle en vaut le coup. Une belle découverte avec cette histoire toute mignonne et ces enfants cassés plein de vie qui surmontent leurs peurs.
Tome 2 : et la gymnaste volante (2020)
La routine du centre est perturbée par une visite étonnante et bruyante : la sœur de mademoiselle Sotiyante, gymnaste professionnelle et entraîneuse, venue rendre visite à sa sœur. Elle souhaite en profiter pour entraîner les enfants, jugeant mademoiselle Sotiyante trop gentille avec les tout-cassés. Cette dernière est effrayée par les exigences de Gorgonza dont le comportement effraie les enfants.
Gorgonza n’en démord pas et propose un concours : les tout-cassés devront lui prouver par le biais d’une série d’épreuves que la méthode de mademoiselle Sotiyante fonctionne réellement. Par attachement pour leur infirmière, les enfants acceptent le défi. Mais vont-ils réussir ? Et si leurs monstres pouvaient les aider ? Ce serait tricher, mais l’enjeu est trop important…
Retour de lecture
Un tome deux tout aussi fascinant que le premier. Les thèmes abordés – la confiance en soi et le dépassement de soi – sont intéressants et bien traités car les enfants sont blessés mais ils vont surmonter la douleur et leur handicap pour la bonne cause en faisant preuve de courage. Ce que j’ai beaucoup aimé aussi c’est la différence d’approche entre les deux soeurs avec mademoiselle Sotiyante qui veut protéger les tout-cassés et Gorgonza qui veut qu’ils se dépassent. Et si le mieux était un compromis entre les deux ? L’affrontement des soeurs ne pourrait-il pas être un partenariat ?
Le conseil de la bibliothécaire
“Les tout-cassés” est un premier roman (pas de l’auteur mais un roman qui s’adresse aux enfants dès 8 ans). Une duologie intéressante avec ses personnages originaux : des enfants possédant un handicap suite à une malformation génétique, une maladie ou une blessure. Mais aussi par sa proposition de monstres eux aussi blessés, là pour aider et soutenir les enfants au lieu de leur faire peur, pour qu’ensemble ils dépassent leurs limites.
Parler du handicap est indispensable quel que soit le fond de l’histoire. J’ai toujours développé ce sujet quand j’étais bibliothécaire, puis ensuite en collège ou en lycée. Les élèves n’étaient pas forcément tentés naturellement au départ sauf ceux qui connaissaient le handicap de près mais ceux de la classe finissaient par accepter d’en lire et ensuite cela permettait de changer leur regard. C’est bien je trouve que cette littérature se développe aujourd’hui…
Ce que tu dis me rappelle un débat que j’ai eu suite à la décision d’une de mes anciennes directrices de m’empêcher d’acheter des romans jeunesse parce qu’elle estimait qu’un seul public les lirait (ex : les filles liront cette histoire mais pas les garçons.) Bref, je ne suis pas d’accord avec ça. Certains publics ne liront pas certaines histoires d’eux-mêmes, à nous de leur faire découvrir. Surtout quand le produit est fait pour tous et n’est pas marqueté pour un public cible. C’est le cas de cette histoire. Peut-être que tous les enfants n’auront pas la curiosité de la lire, à nous de la faire découvrir (et d’ouvrir des horizons peut-être…)
C’est intéressant de pouvoir parler de handicap avec cette veine fantastique !
Oui et de voir des personnages avec leurs différents handicaps vivre des aventures dans un roman jeunesse.