Le diable : les origines de la diabolisation de la femme

Le diable

Le diable, vous le connaissez, c’est un personnage que vous avez déjà rencontré dans la littérature, la fiction, la Bible etc. Mais connaissez-vous son histoire ? Et son lien si fort avec les femmes ? Un lien qui vaudra aux femmes d’être accusées de sorcellerie, d’être infériorisées etc.

Le thème

Le diable est l’ennemi de l’humanité parce qu’il cherche à duper et tenter les hommes et les éloigner de Dieu. Nous le connaissons avec des cornes, une queue fourchue, des pattes de bouc et parfois un sexe démesurément grand. Il est l’amant des sorcières, le responsable de la chute de l’Eden quand il a tenté Eve etc. Mais l’est-il depuis toujours ? Comment a-t-on, au fur et à mesure, modelé son image et rattaché aux femmes ? Quelles ont été les conséquences pour la gente féminine ?

Ce sont toutes ces questions auxquelles répond Dominique Labarrière dans ce court documentaire sur le diable et la diabolisation de la femme.


Retour de lecture

Le coup de cœur mis à cet article donne la direction de mon retour de lecture. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que j’ai vraiment beaucoup aimé ce documentaire. J’ai cru qu’il allait être fastidieux car le style de l’auteur est assez littéraire (et que je le lisais le soir après de longues journées) mais non, c’est une très bonne surprise. J’ai pris un grand plaisir à découvrir l’histoire de l’image du diable et comment il a évolué au fil des siècles.

J’avais très envie de le lire pour ses deux sujets : l’histoire du diable et la condition de la femme. D’un point de vue professionnel, je souhaitais le lire pour être sûre de le classer au bon endroit dans la médiathèque (religion ou sociologie de la femme ?) Réponse : il a toute sa place en religion. 

L’histoire du diable 

Le diable que nous connaissons n’a pas toujours été ainsi. Que ce soit dans notre culture mais également dans d’autres croyances ou civilisations. Car même si le terme de diable nous renvoie à une représentation très chrétienne, il est présent – en tant que figure du Mal – dans d’autres religions. Même si la notion de bien et de mal diverge selon les cultures. 

« Chez nous, selon les époques, le diable n’aura pas toujours le même statut ni la même stature. Des variations notables interviendront. La faculté de nuisance qu’on lui prêtera, la puissance maléfique dont on le créditera, les peurs, les préventions, la fascination qu’il inspirera connaîtront des évolutions étonnantes, jusqu’à devenir durant deux ou trois bons siècles le venin obsessionnel, collectif et individuel, qui infestera la vie des gens et des sociétés et nourrira l’hystérie de la chasse aux sorcières. »

(pages 23-24)

Après cette introduction, l’auteur s’intéresse avant tout à la figure du Malin dans nos sociétés. Sa représentation et l’imaginaire collectif au Moyen-âge n’étaient absolument pas les mêmes deux siècles plus tard. Nous passons d’un diable naïf que l’on trompe facilement à un monstre dangereux qui pervertira tout ce qu’il touche (principalement les femmes.) 

C’était intéressant de suivre cette évolution. Surtout que Dominique Labarrière les commente et les explique. Nous comprenons ainsi pourquoi certains changements ont été opérés. En tout cas ses explications m’ont convaincue. 

La diabolisation de la femme 

C’est le second sujet de ce livre même s’il s’intéresse avant tout à l’aspect religieux. Il est une époque où l’aspect religieux impactait toutes les décisions de la vie et l’organisation de la société (sociologie et religion sont donc très liés.) 

La différence semblait faite entre le diable et les incubes et succubes (les démons « sexuels ».) Mais petit à petit le diable prend ce parti d’être l’amant des femmes. Une belle occasion pour les contrôler, les museler et s’en débarrasser facilement. Certaines histoires vous surprendront.

« A l’hystérique invention du diable incarné et fornicateur répond l’hystérie des procès en sorcellerie des rituels d’exorcisme.

A la messe noire du sabbat répond cette autre forme de messe très obscure que constituent, ensemble, ces deux moments de justice dévoyée et de religiosité théâtralisée à l’excès. Le procès pour expurger de la société la coupable de commerce diabolique, et l’exorcisme pour purger la possédée de ses démons intimes. Pouvoir temporel du juge et pouvoir spirituel du clerc, même combat. Le premier prétend assainir la cité, le second vise à la purification de l’individu, de son esprit, de son âme, de son corps. »

(page 89)

Le conseil de la bibliothécaire

Un documentaire très intéressant. N’ayez pas peur de son écriture, une fois plongé dans le livre elle vous semblera plus fluide et accessible. Il est assez court (il fait 200 pages mais il contient plusieurs annexes qui vous feront découvrir les exorcismes etc. et il est très aéré dans sa présentation.) Un documentaire fascinant qui plaira aux curieux (l’histoire du diable) et aux amateurs de sociologie (la diabolisation de la femme.) 

2 Réponses à “Le diable : les origines de la diabolisation de la femme”

  1. J’ai beaucoup lu sur les sorcières et la sorcellerie, mais pas depuis peu. Ce documentaire semble tout à fait intéressant…de cette diabolisation de la femme, il y a des restes encore de nos jours, et c’est ce qui explique aussi que les femmes aient encore à se battre pour avoir les mêmes droits que les hommes… Merci de nous en parler (et c’est amusant car je parle aussi de diable aujourd’hui sur mon blog, bien que différemment !)

    1. Effectivement, avec “des diables et des saints”. D’ailleurs tu m’as donné envie de le lire ^^.
      La condition de la femme est un sujet qui m’intéresse énormément. Et plus je lis ce genre de documentaire, et plus je me rends compte de l’injustice subie, car rien ne justifie réellement cette place.
      Un livre qui permet de découvrir les choses autrement. Une belle découverte de mon côté que j’avais envie de partager. Merci pour ton retour.

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