L’antre des louves

antre des louves

L’antre des louves est le nom d’un lupanar un peu sordide à Pompéi en l’an 74 avant notre ère. Y vivent des femmes, esclaves, obligées de vendre leur corps pour le compte d’un homme violent, manipulateur et imprévisible. Ou l’histoire de femmes victimes d’un système, obligées de jouer un jeu infâme pour survivre. Un roman historique qui prend aux tripes…

Ce premier roman de l’autrice est sorti en librairie le 11 mai 2022.

L’histoire

Nous sommes à Pompéi en l’an 74 avant notre ère auprès d’un groupe de femmes dont fait partie Amara. Amara est une jeune grecque, fille d’un médecin et éduquée. Mais le destin l’a conduit à Pompéi à l’antre des louves. Vendue par nécessité comme esclave après la mort de son père, elle est achetée par Félix, le propriétaire des lieux. Cet homme est violent, manipulateur, imprévisible et créancier en plus d’être maquereau. Il tient sa boutique d’une poigne de fer. Amara le hait de tout son être mais doit lui obéir, comme elle doit obéir à tous ces hommes car ce sont eux qui détiennent le pouvoir. Et ce pouvoir peut les libérer de cette condition.


Retour de lecture

J’ai été captivée par ce groupe de femmes de l’antre des louves et leurs relations entre elles. Esclaves et soumises par nécessité elles trouvent leur force et leur courage dans leur sororité. Même si parfois la jalousie provoquent des tensions. Chaque personnage est puissant et celui d’Amara est fascinant. Nous la suivons essayer de jouer avec les codes et ses atouts pour sortir de ce cauchemar. Et jusqu’au bout nous espérons qu’elle y arrivera. Sans être débordé par une violence trop appuyée.

J’ai aussi adoré que chaque chapitre s’ouvre sur une citation latine ou sur un graffiti retrouvé à Pompéi.

La violence de leur condition

Prostituées, esclaves, femmes… à Pompéi en -74. Elles appartiennent aux hommes et leur condition fait qu’elles sont des sous-femmes, des objets que l’on peut casser et remplacer. Sauf peut-être pour celles qui rapportent le plus d’argent. Mais même cette compétence ne leur rapporte rien car il viendra un jour où elles ne seront plus jolies. Et rien ne garantit qu’un client ou qu’un concurrent de leur maître ne s’en prenne pas à elles.

“L’antre des louves” n’est pas du tout un feel-good, il montre un groupe de femmes devenues objet purement sexuel et absolument pas consentantes. On y aborde la violence car elles sont frappées, humiliées et violées à chaque fois. En tant que femmes et esclaves elles ne sont plus rien, une possession d’un homme détruit par un passé violent. Mais ce que j’ai beaucoup apprécié dans ce roman, c’est que la violence est présente mais pas inutilement décrite. Elles attirent des clients et doivent leur offrir leur corps sans que les scènes ne soient décrites. Ce n’est pas nécessaire, nous avons compris. L’autrice n’en rajoute pas.

Mais rassurez-vous on respire

Le contexte dans lequel vivent ces femmes à l’antre des louves apporte beaucoup de violence, j’ai déjà bien insisté sur ce fait (Je ne suis pas une adepte des trucs bien lourds et glauques et j’ai réussi à lire ce roman sans problème).. Et pourtant il y a plusieurs moments dans “l’antre des louves” qui nous permettent de respirer.

Amara essaie de s’intégrer dans des milieux où elle devient bien plus ce qu’on appellerait aujourd’hui une “escort girl” qu’une prostituée qui fait des passes dans une ruelle sordide. Ces moments lui permettent de respirer (et nous aussi.) Et il y a cette sororité entre elles qui allège (autant que faire se peut) la peine de leur condition. Victoria chante le matin pour les rendre plus gai, Cressa leur offre la douceur d’une mère… Il leur arrive de rire, de redevenir elles-mêmes le temps d’un instant etc.

Avec les personnages d’Amara et de Didon la musique et l’art prennent une grande place dans le roman. Nous plongeons presque dans la vie culturelle de Pompéi (à travers les soirées organisées par de riches citoyens.)

Les protagonistes de l’antre des louves

Pour moi, le point fort de ce roman est dans les personnages que nous rencontrons. Très vite nous nous attachons à chacune d’entre elles. Elles vivent un enfer mais elles apportent aux autres et à l’histoire un peu de gaité et de fraicheur. Elles se soutiennent et se protègent. Et chacune a sa personnalité et son histoire.

Victoria est la star de l’antre des louves qui donne la sensation aux clients d’être heureuse. Nous apprenons petit à petit ce qui l’aide à tenir. Béronice qui tombe amoureuse d’un homme de main de Félix, leur propriétaire, ce qui la rend guillerette et heureuse. Didon, la sœur de cœur d’Amara, pleine de douceur et d’une innocence que rien ne semble détruire. Fabia, ancienne prostituée, qui essaie de se rendre utile pour ne pas être mise à la rue… Et Amara qui fera tout pour s’en sortir.

Les personnages masculins ne sont pas en reste dans l’antre des louves (et à l’extérieur). Ils sont rangés en groupe : les violents (Félix, ses hommes, Moineau qui ne supporte pas d’être prostitué lui aussi…), les gentils (L’Amiral, Nicandrus, Ménandre…) et les clients riches.

Le conseil de la bibliothécaire

“L’antre des louves” pourrait convenir à ceux qui lisent des romans historiques ou qui s’intéressent à l’Antiquité car nous y retrouvons de multiples références. Ou aux lecteurs et lectrices qui veulent voir des personnages puissants dans une histoire forte… et qui n’ont pas peur d’être trop impressionnés. Pour un autre roman fort sur la condition de la femme avec des personnages puissants, voici : le bal des folles.

4 Réponses à “L’antre des louves”

  1. C’est une période de l’histoire dans l’Antiquité que je connais peu et ce roman historique me parait tout à fait intéressant pour combler mes lacunes, surtout si comme tu le dis la violence est décrite juste pour que l’on comprenne les situations sans en rajouter. les conditions de vie de ces femmes que tu décris sont tout à fait horribles et même si on se doutait que cette vie là les attendaient en tant qu’esclave cela doit être marquant de lire leur terrible destin tout en faisant connaissance avec elles…Merci de nous le présenter

    1. Tout à fait, juste ce qu’il faut pour que l’on comprenne et saisisse l’horreur de leur quotidien et de leur situation, sans en faire trop.
      J’ai eu ma période antiquité il y a plusieurs années. J’ai tout de suite été attirée par cette histoire. Et j’ai apprécié la lecture, malgré le sujet, et même si je ne m’attendais pas tout à fait à ça.

  2. Je n’avais pas du tout entendu parler de ce titre, et je trouve intéressant qu’on y parle de la violence quotidienne subie par ces femmes devenues esclaves, sans que l’auteur en rajoute dans le gore et les détails. Et j’espère qu’Amara s’en sort ou ne finit pas son destin de façon trop tragique. Merci pour la découverte !

    1. C’est ce qui m’a plu, qu’il y ait ce témoignage (en quelque sorte) sans que ce soit horrible à lire (inutilement horrible. Là, le message passe très bien, pas besoin d’en faire plus.) Je ne dévoile pas la fin :D.

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