Délivrées

Délivrées

Arriveront-elles à se libérer, être “délivrées”, de la violence des hommes via une nouvelle pandémie ? C’est l’idée de Chelsea Martin qui, pour ses filles, ne peut plus laisser son mari la brutaliser. Mais comment peut-on s’échapper ? Et si la solution venait de cette pandémie qui rend les gens violents ? Un roman coup de cœur qui prend aux tripes. Et si la peur changeait de camp ?

Un énorme merci aux éditions Sonatine pour leur confiance renouvelée avec ce service presse numérique reçu avant sa sortie. Vous pourrez le retrouver en librairie à partir du 6 juin 24 (foncez !)

L’histoire

Quelques années après le Covid une nouvelle pandémie frappe le monde à cause des moustiques. Les malades sont pris, de façon inattendue, de crises de violences aussi soudaines que brutales qu’ils oublient aussitôt. Tout “être vivant” (humain ou animal) à proximité à ce moment est en danger de mort. Une psychose secoue le pays et les infectés sont enfermés dans des centres de quarantaine. Chelsea, victime d’un mari violent, y voit une solution. Car sa situation actuelle est sans issue… elle doit protéger ses deux filles et ne peut pas compter sur sa mère, toxique à sa manière. Arriveront-elles à être délivrées de cette situation ?

Retour de lecture

“Délivrées” est un roman qui parle d’une pandémie qui fait peur et comment la société la subit. Mais il parle surtout des violences conjugales à travers le parcours de trois femmes : Chelsea, sa fille aînée et sa mère. Chacune est victime du comportement des hommes et de ce que la société permet. A travers elles c’est aussi d’autres femmes qui seront délivrées de cette violence. J’ai été secouée et happée par ce roman du début à la fin. C’est un coup de cœur pour moi pour ses personnages, son intrigue, la résolution et la mise en avant des violences conjugales et la manière dont les hommes toxiques et violents contrôlent et détruisent leurs victimes.

Délivrées par la Violence ?

La “Violence”, c’est ainsi qu’on appelle cette nouvelle maladie. Comme dit en résumé, les malades ont des crises de violence brutale qu’ils oublient. Tout commence par une personne âgée dans un magasin. Elle faisait ses courses lorsque, d’un coup, elle fracasse quelqu’un dans les rayons à coup de ketchup avant de reprendre tranquillement ses courses. C’est ce côté violent et imprévisible qui fait peur. Car aucun signe ne donne l’alerte et seule la mort arrête tout (de préférence quand il ne reste plus grand chose de l’être vivant.)

Les gens commencent à avoir peur, à s’enfermer chez eux ou, pour les plus riches qui peuvent se le permettre, fuir vers le Nord où il n’y a pas de moustiques. Alors comment Chelsea espère utiliser la maladie pour fuir son mari et sauver ses filles ? Je vous laisse découvrir. Si le résumé éditeur n’en dit pas plus, je n’en dirai pas plus.

Violence et Violence / rapports homme-femme

J’ai aimé la manière dont “Délivrées” met les deux en parallèle. Nous avons d’un côté la Violence (la maladie) où la personne perd le contrôle. Peu importe son lien avec la victime ou ses intentions, elle ne sait pas ce qu’elle fait. Il n’y a rien d’intentionnel. Nous avons de l’autre côté les violences conjugales. Cette fois il y a de l’intentionnel dans l’acte de faire du mal pour rabaisser, contrôler et isoler une victime.

Ce point m’a marquée car il fait échos à un post instagram que j’ai lu il y a quelques mois du compte @petitelectureinclusive. Elle y parlait de la “perte de contrôle” des hommes violents, de leur coup de sang qui justifie leurs actes. Elle y expliquait que c’était faux, ce n’était pas une “perte de contrôle” de l’homme mais au contraire d’une envie de contrôler la femme. Car ces hommes savent se “contrôler” en public ou dans d’autres milieux.

J’ai trouvé que le roman le mettait bien en avant. Tout en parlant en général du comportement des hommes envers les femmes. (Je rassure, nous croisons aussi des hommes géniaux.)

“-Bonjour, ma jolie ! Lance l’homme derrière le comptoir.

Elle lui adresse un sourire pincé et se hâte, avant qu’il lui pose une question inepte ou hasarde le genre de flatterie lourdingue dont les types de cinquante ans qui se croient spirituels inondent les filles qui ont le tiers de leur âge.”

Page 325 de “délivrées” sur liseuse

Les femmes délivrées ?

Dans “Délivrées” nous suivons trois femmes : Chelsea, sa fille aînée et sa mère Patricia. La première s’est mariée à un homme violent qui a tout fait pour l’isoler et la rabaisser. Dans son quotidien actuel et dans les souvenirs qu’elle nous partage, nous voyons comment David s’y est pris et comment elle ne s’est pas inquiétée. Il n’y a rien de culpabilisant pour elle car ce n’est pas de sa faute et à aucun moment l’autrice ne le laisse entendre. J’ai trouvé ça intéressant de dévoiler des mécanismes.

Des mécanismes qui touchent aussi sa fille aînée avec son petit ami. Elle a vu comment son père se comportait avec sa mère et elle est assez grande pour voir ce qui ne va pas. Elle sait qu’elle doit échapper à tout ça et pourtant elle ne sait pas comment se sortir d’une situation malsaine avec son copain. Et là encore elle n’est pas jugée car les choses ne sont pas aussi faciles.

Enfin, Patricia, la mère de Chelsea. Un personnage maltraitant pour sa fille à cause de sa propre histoire. Elle aussi s’est positionnée par rapport à sa propre mère pour ne pas subir les mêmes choses. Personnage détestable, nous découvrons comment elle en est arrivée là et comment elle évolue. Mais je n’en dirai pas plus.

“Patricia ne lui [Chelsea] avait pas avoué qu’elle connaissait des centaines d’hommes comme lui [David]. Les amis de sa propre mère, les clients du Diner, des types qui jaugeaient les femmes comme s’ils étaient devant une voiture qu’ils envisageaient d’acheter, une bagnole qu’on conduit jusqu’à ce qu’elle soit bonne pour la casse. Un objet dont on se sert quand on en a besoin, qu’on entretient quand on en a les moyens et le temps, qu’on exhibe ou qu’on cache, qu’on plie contre un arbre et qu’on laisse rouiller en parlant d’accident ou de volonté divine.”

Page 425 “Délivrées”.

Le conseil de la bibliothécaire

J’ai eu du mal à classifier “délivrées” car il est à la fois roman contemporain qui parle de sujets sociétaux (certes de façon originale) comme les violences conjugales et des parcours de personnages féminins ; et à la fois un thriller psychologique car la maladie génère une psychose et une tension constante (aussi dû au comportement dangereux et flippant des hommes violents envers les femmes pour les remettre à leur place et les dominer). Si vous aimez les romans sociaux ou les thrillers psychologiques, essayez ! Comme il aborde des thèmes autour de la violence il contient des scènes pouvant heurter la sensibilité. Autre roman qui m’a secouée : La dernière maison avant les bois.

Retrouvez “Délivrées” et les autres romans des éditions Sonatine sur leur site : Délivrées.

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