Plongez avec Brigitte Piquet-Pellorce et la cellule anti-trafic de la SPA dans l’enfer du trafic animal. Jusqu’en 2014, l’autrice va enquêter pour le compte de la SPA et mettre à jour plusieurs trafics, vols, maltraitances et la non-intervention des pouvoirs publics, même les services dédiés à la protection animale. Un témoignage bouleversant de presque 500 pages et une trentaine d’affaires.
Le thème
Brigitte Piquet-Pellorce aidait déjà la SPA lorsque la proposition lui est faite de diriger la cellule anti-trafic en tant qu’employée. Ses missions consistent à rassembler des preuves et à porter plainte au nom de la SPA. Pendant 23 ans, elle va s’investir dans ce travail et lutter, à son niveau, contre le trafic animal et la maltraitance. Une tache nettement moins facile qu’on peut le croire car c’est un sujet qui n’intéresse personne et encore moins les services publics. Elle va sans cesse être confrontée aux trafiquants, aux maltraitants et au service vétérinaire, le seul habilité à intervenir. Un travail incessant, une justice tolérante avec les coupables et l’impression que les actes sont des coups d’épée dans l’eau.
Avec “Dans l’enfer du trafic animal” l’autrice nous dévoile tout cela à travers certaines de ses affaires qu’elle nous raconte.
Retour de lecture
J’ai été intriguée au début par le format du documentaire. Je m’attendais (vu le résumé de la quatrième de couverture) à un explicatif du trafic animal : les filières, les magouilles, les techniques des trafiquants etc. Ce n’est pas exactement ça. L’autrice nous raconte des affaires, qui étaient les acteurs concernés, les conditions cruelles que vivaient les animaux et la décision de justice (comme un compte-rendu de l’affaire.) Cette manière de faire renforce le côté répétitif de ces affaires, l’impression que quoi qu’elle fasse rien ne s’arrange pour les animaux, que le combat doit sans cesse être renouvelé etc. Beaucoup aurait baissé les bras… mais pas elle.
Mais que fait la SPA !
L’autrice a souvent entendu cette phrase car qui sait comment tout cela fonctionne ? Quand vous voyez une maltraitance envers un animal vous vous imaginez que la SPA va intervenir, retirer l’animal et lui offrir la chance de vivre auprès d’une famille aimante ? Ce n’est pas vraiment la réalité et c’est ce que nous découvrons à travers les affaires présentées.
La SPA travaille avec les services habilités à intervenir sur le terrain : les forces de l’ordre et la DSV (la direction départementale des services vétérinaires) que je découvrais personnellement et qui joue un rôle énorme. Brigitte et son équipe reçoivent des témoignages et rassemblent des preuves qu’ils soumettent aux forces de l’ordre et déposent des plaintes.
Un trafic animal honteux
C’est ce qui ressort de ces 500 pages de témoignages. J’ai découvert l’existence d’élevages honteux, de trafics entre la France et d’autres pays, de combats de chiens etc. L’équipe de la cellule anti-trafic va malheureusement rencontrer les mêmes personnes car la justice ne condamne pas ce trafic animal. Des personnes qui disent aimer les animaux mais qui exploitent leurs chiennes pour qu’elles mettent bas à chaque chaleur, coincées dans des cages où elles ne peuvent pas bouger, couchées dans leurs excréments, sans eau, sans affection ; des chiots retirés trop tôt, des carnets de santé falsifiés par des vétérinaires, des chiens malades et souffrants avec des problèmes de comportement etc.
Ce qui révolte sans doute le plus c’est la tolérance incroyable de la direction des services vétérinaires et la justice qui donne des peines symboliques. Les premiers donnent des autorisations et font le constat que tout va bien pour les animaux quand ce n’est clairement pas le cas, ou classent des affaires. Je vous laisse découvrir mais il est souvent très avantageux financièrement de faire du trafic animal.
Tous les témoignages sont horribles. Mais il y en a un qui m’a frappé en plein coeur : celui d’une jeune femme qui appelle à l’aide car quelqu’un a volé son chien. Son chien est toute sa vie, il l’a aidée à dépasser ses problèmes d’addictions, la soutient au jour le jour et sans lui elle n’est pas sûre de vouloir vivre. Il sera retrouvé dans un fossé, frappé à mort…
Le conseil de la bibliothécaire
“Dans l’enfer du trafic animal” n’est pas un documentaire de société qui vous dévoilera les dessous de ces trafics. Il s’agit avant tout de chroniques. Il pourra donc convenir à ceux qui aiment découvrir des histoires vraies, des témoignages ou des reportages. Amis des animaux vous serez scandalisés. Et si après cette lecture vous avez envie de croire de nouveau en l’être humain et son rapport avec l’animal, je vous conseille : Le chien qui soignait les enfants (un documentaire qui aborde la médiation animale et qui prouve que l’animal peut être un collègue, un ami, un confident et pas une simple marchandise.
Je crois que je ne pourrais pas lire ce livre bien que je trouve important de faire connaître ces témoignages, je ne comprends pas qu’on puisse faire du mal à des animaux…Merci de nous en parler. Il a parfaitement sa place en médiathèque.
Je comprends parfaitement car quand on aime les animaux on ne peut qu’être touché par ces témoignages. De mon côté j’ai trouvé incroyable que ce genre de pratique puisse encore exister… Je partage sur le blog et à la médiathèque.