Les artistes et leur art ont un sexe. Les femmes ne peuvent pas peindre les mêmes œuvres que les hommes, elles n’ont pas ce qu’il faut. Leur délicatesse et leur sensibilité les rendent meilleures dans d’autres arts. Une mentalité qu’un couple d’artistes aimerait modifier pour être libre de s’exprimer avec leurs peintures. Un défi qui se rajoute aux problèmes de couple, au manque d’inspiration, aux pièges de la gloire etc.
Il s’agit du dernier roman d’Alexandre Page, un auteur qui publie en autoédition. Un grand merci pour sa confiance et sa proposition de lire son roman. Il est sorti en juillet 2022.
L’histoire
Philéas Chasselat est un peintre à Paris au XIXe siècle. Il est connu pour ses peintures militaires. Mais l’inspiration l’a quitté et il préfère passer son temps en mondanité plutôt que devant sa toile. Il vend des petites peintures pour se maintenir hors de l’eau alors que les portes de ses clubs se ferment les unes après les autres (il n’a plus les moyens de ses ambitions). Jusqu’à ce qu’un de ses amis lui présente Clémence. Cette jeune artiste souhaiterait elle aussi se lancer dans la peinture militaire. Mais cet art n’est pas pour les femmes et leur délicatesse.
Ce duo d’artistes va-t-il réussir à changer les mentalités ? Permettre à l’art de ne plus avoir de sexe ? Surmonter toutes les difficultés sur leur chemin ? Comme dirait l’auteur : “A la fois roman sentimental et historique, réflexion sur les aspirations individuelles et les exigences d’un monde étriqué, Une vie d’artistes interroge sur les libertés et la dépendance du créateur, sur ses rêves de gloire et ses désillusions, sur les fragilités du couple et sur l’amour médecin.”
Retour de lecture
Par manque de temps j’accepte de moins en moins de livres en autoédition. J’ai profité d’avoir pris de l’avance dans mes lectures pour accepter cette proposition de lecture. Et je ne regrette absolument pas ! J’ai accroché très vite à l’écriture d’Alexandre Page et j’ai été ravie de suivre les aventures de Philéas et Clémence dans le monde de la peinture. Une belle découverte de mon côté. Nous sentons que l’auteur maîtrise son sujet.
Les artistes de ce roman
Philéas fait penser à ces personnages de roman de cette période. Ce n’est donc pas lui qui m’a le plus intéressée. C’est lui qui nous raconte cette histoire car il souhaite raconter sa version des faits. Un brin superficiel il aime la fête et les bonnes tables. S’il était né noble il aurait été l’homme le plus heureux du monde. Mais ce n’est pas le cas, il doit gagner de l’argent pour vivre. Et son art, qui a marqué les esprits au début de sa carrière, lui a ouvert des portes d’un monde dans lequel il s’est perdu.
Philéas est loin d’être parfait et ne nous le cache pas. Il ne se comporte pas toujours bien, principalement avec Clémence. Il est sensible et veut la rendre heureuse mais son propre bonheur et son égoïsme prennent beaucoup trop le dessus.
Clémence est incroyable. Talentueuse, elle est passionnée par son art et fait preuve de beaucoup de courage et de volonté pour l’exercer et affronter l’adversité. Elle se perd parfois un peu trop dans son couple mais rien qui ne soit pas crédible avec cette époque.
Elle veut percer dans la peinture militaire et on le lui refuse pour seul motif qu’elle est une femme. Elle veut devenir mère mais on le lui refuse à cause de son art (je n’en dis pas plus.) Elle accepte le “deal” avec Philéas et n’en ressort pas gagnante. Rien ne lui est épargné. En tant que lectrice j’avais hâte de voir si sa situation s’améliorerait (je ne vous dis rien.)
Le deal entre artistes
Clémence veut peindre des scènes de batailles mais en tant que femme on la considère trop sensible pour faire sentir la guerre et le sang aux spectateurs. Philéas se découvre, lors d’un voyage, une attirance pour l’aquarelle et les paysages mais en tant qu’homme il n’a pas cette particularité féminine de transmettre la douceur et la beauté (en très gros.) Le deal entre eux est tout trouvé.
Cette société étriquée qui force les artistes à entrer dans des cases reconnaîtra-t-elle son hypocrisie ? Les artistes sont-ils aussi libres qu’ils le pensent pour créer ? La gloire et la reconnaissance sont-elles une fin en soi ? A quoi sont confrontés les artistes ? Et les couples d’artistes ? Je vous laisse découvrir tout ça.
Le conseil de la bibliothécaire
Je conseillerai “une vie d’artistes” à ceux qui aiment lire des romans historiques. Car à travers l’histoire de Clémence et Philéas, c’est une époque que l’auteur décrit. Avis aux curieux qui souhaitent en savoir plus sur le monde de la peinture à la fin du XIXe siècle.
Retrouvez les livres de l’auteur sur son compte Babelio : Alexandre Page
C’est vrai que je découvre je ne pensais pas que les artistes étaient à ce point coincés dans des cases mais finalement c’est comme dans tous les métiers et dans notre société. Le sujet dans ce contexte est très intéressant. Merci de l’avoir lu pour nous. Moi-aussi j’accepte de moins en moins de service de presse pourtant j’ai été rarement déçue par mes lectures mais j’ai envie de lire aussi ce que je choisis et de prendre du temps pour moi…Merci pour ton ressenti
Je commence à avoir cette envie aussi car le temps, malheureusement, manque de plus en plus.
Un sujet intéressant. Je savais que les femmes n’avaient pas toujours leur place dans l’art… c’est une bonne chose de parler de ces “cadres” imposés par la société sur des critères complètement arbitraires ^^.