Un violon, une entité maléfique qui cherche à posséder et se venger, du spiritisme, une scordatura et une jeune collégienne qui va vivre un cauchemar. Voici la recette de ce roman pour prolonger Halloween.
Un grand merci aux éditions Poulpe fictions pour l’envoi de ce roman. Vous pouvez le retrouver en librairie depuis le 16 septembre 21.
L’histoire
Sao Mai est au collège où elle se fait discrète pour ne pas subir les foudres de ses camarades, surtout celles de Prudence, comme doit le vivre l’étrange Achille, surnommé le Weirdo. Elle est surtout une virtuose du violon. Quand elle joue, elle se plonge dans une vision apaisante.
Mais son violon commence à dater. C’est alors qu’elle ouvre un coffre caché dans la maison de sa grand-mère qui vient de décéder. A l’intérieur se trouve un magnifique violon et un carnet de partitions. Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’il ne fallait pas jouer de ce violon, car il est hanté. Ce que va découvrir Sao Mai… trop tard.
Retour de lecture
Un roman d’horreur qui n’épargne pas les enfants. Il veut faire peur, voilà sa vocation. Il a d’ailleurs été travaillé avec des élèves de CM2 (en tout cas l’autrice les remercie à la fin du livre.) L’histoire m’a emballée et j’ai trouvé les illustrations magnifiques. J’ai juste été moins séduite par la manière de raconter de l’autrice. Il aborde des sujets difficiles entre harcèlement, rejet des autres, harcèlement “amoureux”, perversion…
Musique et horreur : Scordatura
Scordatura c’est un “terme italien [qui] désigne une manière d’accorder un instrument à cordes différente de l’accordage habituel. Pour modifier les tonalités de la mélodie jouée…”
page 23 sur liseuse
Quel rapport entre le violon hanté et la Scordatura ? Je vous laisserai le découvrir, mais il y a un lien.
Sao Mai découvre le violon chez sa grand-mère mais ne remarque pas le papier qui l’accompagne. Elle qui ne pouvait pas se payer un nouveau violon trouve, par chance, ce magnifique instrument noir à la qualité manifeste. Un cadeau empoisonné.
La musique a une place centrale dans cette histoire, bien au-delà de la simple découverte du violon. Quand Sao Mai joue elle se plonge dans un autre monde. Mais dès qu’elle joue avec ce violon, elle voit une scène de chasse. Elle tient un fusil et tue un lapin qui passait par là. Ces visions deviennent de plus en plus sombres. D’où viennent-elles ?
Une ombre la suit
C’est un camarade un peu étrange qui la met en garde : Achille. Solitaire, il passe ses récrés dans un coin de la cour à lire ou à marmonner des choses. Il se balade avec des tas d’objets occultes… et semble voir l’ombre qui hante Sao Mai. La jeune fille va accepter son aide car, malgré ses tentatives d’expliquer les phénomènes qui la suivent, elle prend peur. Surtout quand sa mère voit une ombre menaçante au-dessus d’elle la nuit.
Avec le personnage d’Achille nous abordons le harcèlement et le rejet. Achille est différent des autres, ce qui lui vaut des moqueries. Il a toujours le sourire aux lèvres comme si rien ne l’atteignait. Mais Sao Mai, quand elle le regarde, voit parfois son masque se fissurer. Ces instants sont vraiment touchants.
Puis, influencée par l’ombre, elle se met elle aussi à le rejeter. Et elle lui fait mal… une douleur que j’ai ressenti comme un coup de poing (je suis assez sensible à ce genre d’émotions.) Et les illustrations nous montrent la tristesse et la solitude d’Achille.
Elle se retrouve seule face à une entité maléfique qui cherche à la tuer. Et puis elle apprend d’où vient cette ombre et pourquoi sa grand-mère avait ce violon. C’est la partie de l’histoire qui m’a le plus étonnée pour un roman à destination des 8 ans. Elle y parle de stalker, de perversion, de rejet, de violence… Je vous laisserai découvrir.
L’importance des illustrations
L’autrice est graphiste et illustratrice et cela se voit dans les illustrations. Elles sont en noir et blanc (sur ma liseuse) et sont incroyables. Avec celles que je vous ai déjà mises, vous pouvez sans doute voir toute l’émotion qui en ressort. L’ombre est sur toutes les images dans lesquelles apparaît Sao Mai. Et clairement, elle fait peur.
L’histoire de cette jeune fille de 11 ans confrontée à un monstre est saisissante. Mais ce sont sans doute les illustrations que j’ai le plus appréciées.
Le conseil de la bibliothécaire
Un roman annoncé comme à partir de 8 ans par l’éditeur… pourquoi pas mais certains sujets peuvent être difficiles. Mais voici un roman d’horreur ambitieux que l’on peut conseiller aux CM2 et au-delà qui cherchent les sensations fortes. Toutefois, je préfère prévenir les parents des thématiques abordées (au cas où.) Notamment l’histoire du fantôme qui hante le violon et qui s’avère être un marginal, un brin pervers narcissique, stalker, violent… Dans le lien que je vous donne juste en-dessous, vous pourrez feuilleter les premières pages si vous souhaitez découvrir le début de cette histoire.
Retrouvez le livre sur le site des éditions Poulpe fictions : Scordatura.