La fille du diable

fille du diable

L’installation de la fille du diable au N°10 Luckenbooth Close vaudra à l’immeuble et à ses habitants d’être maudits. Plongez dans la vie de cet immeuble de 1910 – quand tout commence – jusqu’en 1999 à travers certains de ses locataires.

Un grand merci aux éditions Métailié pour l’envoi de ce roman en avant-première. Vous pouvez le retrouver en librairie depuis le 11 février 2022.

L’histoire

En 1910, une jeune femme arrive à Edimbourg. Elle a été vendue par son père au propriétaire du N°10 Luckenbooth Close pour lui donner un enfant. Il s’agit de la fille du diable et rien ne va se passer comme prévu. Un drame conduira Jessie à maudire M. Udnam et l’ensemble de l’immeuble. Une malédiction qui frappera tous les locataires pendant quasiment un siècle.

A chaque étage de l’immeuble vivra un ou une locataire : des poètes, des amoureux, des spirites, des rebelles etc.


Retour de lecture

J’avais envie de lire “la fille du diable” pour son histoire mais surtout pour son autrice. J’avais beaucoup aimé “La sauvage”, son premier roman. Elle a une écriture très crue et incisive qui ne plaira pas à tout le monde mais qui a su me séduire. L’éditeur évoque un livre qui parle d’une vie mode d’emploi en version punk et féministe. C’est une image très bien trouvée pour décrire ce roman qui met en avant les oubliés, les marginaux, les outsiders, décennie après décennie.

Un roman clivant

Par curiosité je suis allée voir les retours des autres lecteurs parce qu’à mon sens “la fille du diable” ne convaincra pas tout le monde. Il y a tout d’abord la construction atypique du roman en mode roman chorale. Le livre est séparé en trois parties. Chaque partie s’intéresse à trois personnages, chacun à un étage et dans une époque différents. Nous commençons, par exemple, dans la première partie aux trois premiers étages : étage 1 avec Jessie en 1910 ; étage 2 avec Flora en 1928, étage 3 avec Levi en 1939. Et tout le roman est construit ainsi.

Ensuite, il y a l’histoire. Tout débute avec la fille du diable qui maudit M. Udnam. Ce qui revient dans les retours de lecture c’est le côté décousu, comme s’il s’agissait d’un recueil de nouvelles et non un roman. La plupart des histoires n’ont pas de rapport les unes avec les autres. Pour être exacte, aucune n’a de rapport. Mais il y a des liens, des clins d’œil, des échos. Nous retrouvons des personnages par exemple.

Enfin, je pensais mettre un mot sur son style cru mais ce n’est pas du tout quelque chose qui a dérangé (si je reprends les avis d’autres lecteurs.) Certains lui ont reproché le côté hachuré de ses phrases. Jenni Fagan ne donne pas le même rythme à toutes ses phrases, il y a parfois des accélérations avec des phrases très courtes.

Des histoires de personnages

Si vous cherchez une histoire qui débute et qui se termine avec ce roman, vous pourriez être déçus (quoique.) Jenni Fagan donne surtout la parole à des profils de personnages. Ils ont connu les guerres, la pauvreté, les désastres économiques etc. mais n’ont pas fait l’histoire. Ce ne sont pas des gens dont on se souviendra ou qui laisseront leur nom ou leur trace.

A travers eux nous abordons des enjeux de société : la place des femmes, les inégalités sociales, la détresse d’individus livrés à eux-mêmes, la violence, la solitude, la moralité qui interdit certains amours etc.

L’histoire de la fille du diable est en arrière fond comme un fil qui ne relie pas toutes ces histoires mais qui reste à proximité. Ce sont des personnages qui les voient et qui échangent avec elle, son amante et leur fille ; ou des personnages qui ne savent pas qu’elles sont là mais qui les entendent. Leurs fantômes vivent toujours dans l’immeuble mais n’interagissent pas de la même façon avec tous.

Certes nous parlons de la fille du diable, de malédiction et de fantômes mais nous ne tombons pas vraiment dans la fantasy malgré tout. Jenni Fagan est écossaise et elle place son histoire à Edimbourg, l’une des villes les plus hantées du monde. L’immeuble a cette ambiance. Certes il est “hanté” mais comme toutes les rues ou tous les immeubles de cette ville (c’est même dit en début de roman.) Rien d’exceptionnel en somme.

Le conseil de la bibliothécaire

J’ai planché sur cette question une partie de l’après-midi : quel conseil puis-je donner ? A qui pourrai-je conseiller “la fille du diable” ? Quel profil de lecteurs saura l’apprécier et y prendre plaisir ? Eh bien, je ne sais pas. Quand vous regardez les retours sur Babelio, il a la moyenne entre ceux qui sont passés à côté et ceux qui ont adoré. Peut-être que je le conseillerai à ceux qui aiment les histoires de personnage avant tout…

Retrouvez le livre sur le site des éditions du Métailié : La fille du diable

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