
Dolpang, mélange entre deux régions existantes du Népal, est un lieu inventé où se déroule cette histoire. Une histoire qui vous plongera dans les légendes du Népal avec le yéti, les moines danseurs-combattants et la figure de la Kumari (une petite fille considérée comme le visage de la déesse Kali.) Une histoire qui parle aussi de jugement hâtif sur ce qu’on ne connaît pas et qui fait peur, de vengeance et de tromperie. Un roman qui chamboulera peut-être un peu trop les âmes sensibles mais qui vous fera voyager et découvrir une autre culture.
Vous pouvez retrouver “Dolpang” en librairie depuis février 2022.
L’histoire
Au royaume du Dolpang, à une époque qui n’est pas définie dans le roman, les hommes vivent avec la menace du Migoï (le Yéti.) Personne n’osera s’aventurer sur les terres du Migoï, là-haut, dans la montagne. Un jour, l’un d’eux est descendu et a tué le père de Tao. Depuis, le jeune garçon, orphelin, est confié aux soins des moines Danseur-Combattant du Monastère aux Portes d’Or. Tao a grandi et espère bien, un jour, venger son père de la terrible Chanah, la grande femelle Migoï. Le jour où cette dernière kidnappe la Kumari (la représentation terrestre de la déesse Kali), Tao se promet de la retrouver et de se venger. Seul, il décide de partir sur les terres des Migoï.
Retour de lecture
Mylène Mouton réussit dans “Dolpang” à nous transporter dans cette région du monde avec succès. Nous alternons à chaque chapitre entre les trois personnages principaux de cette histoire : Tao, La Kumari et Chanah. Nous découvrons les intentions de chacun d’entre eux jusqu’au dénouement final. Une fin étonnante que j’ai trouvé extrêmement triste mais cohérente avec le reste de l’histoire. Il faudra sans doute prévenir les enfants sensibles. J’ai passé un très bon moment de lecture avec Dolpang. J’ai apprécié découvrir la figure de la Kumari, son interprétation du yéti s’il existait et les thématiques qu’elle aborde dans son roman : la vengeance, la culpabilité, la trahison…
A la découverte du Dolpang
Même si ce n’est pas clairement dit dans l’histoire nous sommes dans un Népal imaginé avec cette région du Dolpang qui n’existe pas (mais qui est la contraction entre deux régions existantes.) Pourtant, c’est bien suite au voyage de Mylène Mouton dans ce pays que l’idée de cette histoire lui est venue. Elle s’inspire donc de croyances véritables, notamment celle de la Kumari.
Les Kumaris sont des petites filles choisies selon des critères bien précis. Elles sont la représentation terrestre de la déesse Kali. Elles passent une épreuve que l’on peut juger “terrible” pour nos regards d’occidentaux. Car la Kumari ne doit pas exprimer ses sentiments. Ses sourires sont néfastes pour ceux qui les reçoivent. Elle ne peut pas fouler le sol impur et doit être portée. Elle ne peut pas jouer car il ne faut surtout pas qu’elle saigne (à ce moment, l’esprit de la déesse la quitte.) Mylène Mouton donne une explication sur les Kumaris à la fin de son livre et le sort qui leur est réservé le jour où elles redeviennent “humaines” (à leurs premières règles.)
Rapport homme/animal
Les deux espèces ne peuvent pas cohabiter et s’évitent. Les Migoïs n’ont pas forcément peur des hommes mais ils préfèrent s’en tenir loin car ils sentent mauvais, crient de manière déplaisante et utilisent de grands bâtons qui crachent du feu. Les hommes ont peur des Migoïs, ces animaux à la force exceptionnelle. Ils ressemblent à des hommes mais sont trop différents pour être acceptés.
Les deux espèces ne se comprennent pas, n’ont pas le même fonctionnement ni les mêmes modes de communication. C’est ce que nous prenons le temps de découvrir lorsque la Kumari va côtoyer Chanah et sa famille. Chanah a des difficultés à comprendre le comportement de cette enfant qu’elle prend pour sa fille. Et Kumari juge Chanah, persuadée qu’elle n’est qu’un monstre insensible. Ce qu’elles vont construire ensemble est unique, même si la Kumari n’oubliera jamais que Chanah est plus forte qu’elle et dangereuse.
L’oncle de Tao que nous aimerions ne pas côtoyer est la représentation de nos plus grands défauts. Je vous laisse découvrir ce monstre.
Le conseil de la bibliothécaire
Dolpang s’adresse aux adolescents à partir de 12 ans (environ.) Il n’y a pas de fantasy, pas de réelles aventures… c’est un roman “d’incursion” qui conviendra aux enfants attirés par ce genre d’histoires (qui ne cherchent pas forcément des textes où il n’y a que de l’action.) Par contre, la fin peut ne pas convenir aux enfants trop sensibles (ils peuvent le lire mais il faudra peut-être les accompagner.)
Merci beaucoup pour cette très belle chronique et votre enthousiasme qui fait vraiment plaisir ! C’est vrai que la fin est dure, mais les deux derniers chapitres s’ouvrent sur l’espoir, ce que je trouve indispensable pour un roman jeunesse.
(Merci toutefois de corriger : je m’appelle Mylène Mouton, et non Marlène Moutin !! 😉)
Belle soirée à vous
Merci beaucoup pour votre commentaire. J’ai modifié le Marlène Moutin qui s’était glissé dans l’article (j’ai honte d’avoir laissé une telle erreur se glisser… pardon.)
Je préfère prévenir pour les parents qui aiment avoir ce genre de renseignements mais personnellement j’ai adoré cette fin. Elle m’a énormément touchée, rendue triste tout en donnant, comme vous le dîtes, de l’espoir. Une belle proposition qui ajoute à la puissance du roman. J’ai été étonnée sans doute mais c’était une agréable surprise.
Belle soirée à vous aussi.
Ce livre m’intéresse beaucoup mais je ne sais pas quand je pourrai le lire…en tous les cas tu m’en donnes envie 🙂 Je l’ai donc noté dans mon cahier qui se remplit et ne se vide pas beaucoup, pourtant je lis…
Il m’a subjuguée, c’est vraiment une très belle découverte pour moi.
Il faudrait plusieurs vies pour lire tout ce qu’on a envie de lire : la grande frustration des lecteurs. Je devrai être un peu désolée de t’en rajouter un alors que ta liste est déjà très longue mais je suis contente de t’avoir donné envie de le lire 😀 (mon côté diabolique ? ^^)
Je pense qu’il faudrait que je lise ce titre avant de l’acheter si la fin peut choquer les personnes sensibles. Je connaissais un peu pour ma part les Kumaris et la tradition, même si je ne me souvenais pas exactement de leur nom.
Disons qu’il ne se finit pas sur une belle fin où tout est résolu comme on peut le voir en jeunesse. Il est très bien du début à la fin et peut-être que je soulève un problème qui n’existe pas mais j’ai trouvé cette fin très forte dans son discours. Si besoin je pourrai t’en donner la fin.