Ne passez pas à côté de “nos coeurs aidants” qui parle des aidants, ces personnes qui accompagnent et prennent soin d’un proche malade. Saviez-vous qu’il y a un fort pourcentage de mineurs parmi ces aidants ? C’est ce dont souhaitait parler Célia Samba avec ce nouveau roman engagé sur un sujet de société. Un roman touchant et émouvant à lire alors que les forces publiques essaient de mettre en valeur le travail et l’engagement de ces aidants.
Vous pouvez le retrouver en librairie depuis le 13 avril 2022.
L’histoire
La maman de Laurie et Elliott est lourdement handicapée depuis quelques années et son état ne s’améliore pas. Elle a besoin d’aide aux quotidiens pour ses soins, se nourrir, sa toilette etc. Laurie, afin de garder sa mère à la maison, a décidé de s’occuper d’elle, à 19 ans. Son frère, au lycée, prend le relai dès qu’il le peut. Leur quotidien est rythmé par les besoins de leur mère, la poursuite d’études, les rendez-vous médicaux, l’accueil des aides soignants et la crainte que l’état de leur mère empire. C’est alors qu’un nouvel aide soignant entre dans leur vie.
Retour de lecture
J’avais déjà beaucoup aimé le précédent roman de Célia Samba, “la rue qui nous sépare”, qui avait gagné le concours d’écriture spécial roman engagé des éditions Hachette. Je renouvelle l’expérience avec “Nos coeurs aidants” et c’est un coup de coeur ! Le sujet lui-même – parler des “aidants mineurs” – est intéressant et la manière de le mettre en avant de l’autrice m’a charmée. Nous sentons l’amour de ces enfants pour leur mère, la fatigue de porter cette charge, la peur que son état empire, la culpabilité d’être parfois dépassé etc. C’est touchant, c’est saisissant, c’est criant de vérité et c’est une belle manière de mettre en avant ce sujet et la reconnaissance de ces coeurs aidants.
Nos coeurs aidants
Dans ce roman, ces coeurs aidants sont Laurie et Elliott. Comme beaucoup d’aidants ils n’ont pas conscience d’en être. Pour eux ils sont juste des enfants qui prennent soin de leur mère lourdement handicapée afin de la garder à la maison. Et même si le quotidien est lourd et difficile, ils n’envisagent pas de l’abandonner dans un centre médical adapté. Car pour eux ce serait ça : abandonner leur mère. Et ça, il n’en est pas question ! Leur père est déjà parti, ils ne vont pas faire comme lui.
Heureusement ils peuvent compter sur une super aide-soignante qui passe quelques heures chez eux. Mais un jour elle se casse le bras et doit être remplacée. Elle demande de l’aide à Xander, un jeune aide-soignant qu’elle pense parfait pour la famille. Car la relation de confiance nouée avec l’aide-soignant est importante. Surtout que Laurie a du mal à lâcher prise.
A travers leur histoire nous découvrons leur quotidien d’aidants. Entre Laurie qui essaie de continuer ses études à distance et qui pilote la vie courante de la famille et Elliott qui n’ose pas avouer au lycée ce qu’il vit alors qu’il est la victime d’un enseignant.
Un chambardement
L’arrivée de Xander va changer leur vie car le jeune homme va, à sa manière, les amener à accepter que ce qu’ils font n’est pas anodin, que ça porte un nom et surtout, qu’ils ont le droit de penser à eux, de craquer et de vouloir respirer. Mais ce n’est pas simple de s’intégrer et de faire passer son message. Pourquoi ? Parce que Laurie ne fait pas facilement confiance, encore moins à ce jeune homme trop jeune pour avoir de l’expérience, trop profil mannequin pour être pris au sérieux.
Il y a donc une part de romance dans “nos coeurs aidants”, comme elle était présente dans “la rue qui nous sépare”. Mais à chaque fois je la trouve très bien intégrée à l’histoire. Elle est là mais n’est pas assez présente pour faire de ce roman une romance.
Je ne vais pas en dévoiler plus pour vous laisser découvrir mais j’ai adoré, dans “ces coeurs aidants”, les relations entre les personnages et la manière de l’autrice de traiter les différents sujets du roman.
Le conseil de la bibliothécaire
“Nos coeurs aidants” est un roman young adult à partir de 15 ans (selon les données communiquées en librairie.) Il permet de définir ce qu’est un aidant, que les aidants peuvent être des enfants et à quoi peut ressembler leur quotidien. Comme d’autres romans qui mettent en avant un sujet de société, cela peut permettre d’en parler, d’échanger et d’apprendre. Vous pouvez aussi essayer son précédent roman avec “la rue qui nous sépare” (chroniqué sur l’ancien blog) ou retrouvez les romans ados de société sur la page dédiée : société.
Un sujet intéressant. On oublie souvent que dans les familles les ados sont également sollicités pour aider parfois c’est très lourd. J’en ai fait l’expérience quand j’étais ado, ma grand-mère avait la maladie d’Alzheimer et à l’époque (je te parle de la fin des années 60) il y avait très peu d’établissement qui les prenaient à charge. Alors elle vivait avec nous…et je la gardais souvent entre deux cours, ma mère était fille unique…donc c’était impossible de la laisser seule.
Un titre que j’aurais bien envie de lire, car ce thème des jeunes aidants est très peu abordé en littérature jeunesse.